Les objets de santé connectés (15 milliards à travers la planète) sont munis de capteurs qui mesurent des paramètres du corps (poids, fréquence cardiaque, pression artérielle, etc.). Les informations ainsi relevées sont transmises à une application sur smartphone ou à un service web spécifique pour y être stockées et analysées. Pour l’IFOF, près de 6 millions de Français sont équipés d’objets connectés permettant de suivre leur santé.
Dans un livre blanc sur les enjeux de la santé connectée, le Conseil national de l’Ordre des médecins témoigne de son enthousiasme et engage les professionnels à accompagner cette numérisation appliquée à la santé, tout en en soulevant les risques.
On recense aujourd’hui trois grandes catégories sur un marché qui devrait à terme se développer sur l’hypertension artérielle, les infections respiratoires, l’insuffisance rénale ou encore le diabète.
• Le bien-être… Ces objets connectés, destinés principalement au grand public, montres, bracelets, fourchettes, podomètres, pèse-personne, piluliers, et autres applis répondent parfaitement à la demande. Ils délivrent
des informations dont on n’a parfois même pas conscience, et nous permettent de savoir précisément comment se comporte notre corps. Ils tirent bénéfice des nombreuses fonctionnalités du smartphone et analysent le poids, le sommeil, le rythme cardiaque, le nombre de pas ou encore le grain de beauté de l’utilisateur…
• L’aide au diagnostic. Ces applications offrent au professionnel de santé des infos médicales utiles dans le cadre de sa formation continue.
• La relation directe entre un praticien et son patient Le suivi d’une pathologie souvent chronique est possible : glucomètre, tensiomètre, pompe à insuline ou autres appareils médicalisés connectés.
La profession dentaire soutient cette initiative, mais regrette que le nombre d’applications et d’objets connectés créés pour elle soit, à ce jour, si faible.
Le Dr Bouteille vice président du conseil national de l’Ordre des Dentistes s’est exprimé sur le développement des technologies de « santé connectée » dans le domaine.
« Le livre blanc du CNOM est un document exhaustif excellent sur l’état actuel de la santé connectée. Il a le mérite de poser les bons problèmes. Les applications connectées, qui seront considérées comme des dispositifs médicaux, devront répondre à des critères de qualité et être soumis à une recommandation ou à un label. Concernant le monde dentaire, force est de constater qu’en dehors de la brosse à dents connectée les applications mobiles à destination des chirurgiens-dentistes sont quasi inexistantes à ce jour. »
De 6000, le volume mondial des applications mobiles portant sur la santé (au sens large) est passé à 20000 en 2012 et à 100 000 en 2013. Les objets connectés (montres, tensiomètres, balances, bracelets, piluliers) sont eux aussi en pleine expansion. Dans ce contexte, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) publie un livre blanc sur la santé connectée.
Un encouragement au déploiement numérique
Ce livre blanc encourage les professionnels à accompagner le déploiement du monde numérique appliqué à la santé et suggère même que certains outils (suivi de pathologie et d’aide au diagnostic) soient remboursés par la Sécurité sociale.
« Je suis très favorable à la position prise par le CNOM, qui reconnaît la nécessité de se pencher de manière précise sur la question de la e-santé, annonce Paul Cattanéo, chirurgien-dentiste à Paris. Le fait qu’ils aient bien différencié les objets connectés relatifs au bien-être, au suivi médical et à la consultation me parait pertinent et important »
Dans son livre blanc, le CNOM formule six recommandations, parmi lesquelles la nécessité de promouvoir une régulation adaptée, graduée et européenne.
« Les réserves et les interrogations que ce phénomène soulève sont justifiées et très intéressantes, notamment au sujet de la protection des données – qui peuvent servir aux praticiens, mais aussi aux banques de données ou aux assurances »,
commente Paul Cattanéo. Le CNOM préconise que les outils fassent l’objet d’une déclaration de conformité à un certain nombre de standards : la confidentialité et la protection des données recueillies, la sécurité informatique, logicielle et matérielle, et la sûreté sanitaire.
Les applications connectées dans le secteur dentaire « Les applications et les objets connectés représentent un vrai plus pour le patient, analyse Paul Cattanéo. Ils favorisent son autonomie, le sensibilisent davantage et, si besoin, alertent le praticien. Pour ce dernier, ces outils sont synonymes de gain de temps et de performance ainsi que de meilleur suivi. » La profession dentaire commence à être gagnée par le phénomène, avec notamment la brosse à dents électrique connectée par Bluetooth, qui évalue la qualité du brossage, repère les endroits mal brossés et établit éventuellement une communication avec le chirurgien-dentiste.
Les applications connectées qui seront considérées comme des dispositifs médicaux devront répondre à des critères de qualité
L’hygiène bucco-dentaire en est considérablement améliorée. Certains dispositifs innovants, comme la consultation à distance adoptée pour les populations de Montpellier ayant des difficultés de mobilité (personnes âgées, détenus), se mettent également en place. Le principe ; une infirmière équipée d’une caméra intrabuccale photographie les dents du patient; les données sont envoyées à un centre réfèrent qui décidera s’il est nécessaire de faire déplacer le patient ou pas.
« On voit apparaître également des objets connectés qui permettent de gérer à distance la stérilisation, ajoute Paul Cattanéo. J’ai aussi entendu parler d’un projet destiné è assurer la maintenance des fauteuils dentaires. Mais, en dehors de cela, très peu d’objets connectés sont adaptés à la santé dentaire- La balle est dans le camp des start-up et de la profession. Nous sommes au début du processus. »
Source : ADF Infos Avril 2015 – ID Avril 2015
Il est indéniable que les applications et objets connectés doivent faire leur entrée dans le domaine de la chirurgie dentaire. Pour l’instant, aucune entreprise ne s’est penchée réellement sur les besoins des praticiens dans l’exercice de leur fonction au quotidien, ce qui est regrettable.