Doniphan Hammer, président de la Commission de formation et d’implantation professionnelles (Commission IV) de la CNSD, explique sur le site de la CNSD comment le métier d’assistant dentaire peut évoluer vers celui d’assistant en médecine bucco-dentaire selon un cursus bien défini. En revanche, il récuse le projet d’ordonnance qui ouvre la porte aux diplômes européens non reconnus en France !
Le CDF : Le projet d’ordonnance transposant la directive « qualifications » de la Commission européenne fait réagir toute la profession. Pouvez-vous faire le point sur ce texte ?
Doniphan Hammer : Nous venons juste de prendre connaissance de ce projet. En l’état, il autorise des professionnels non chirurgiens-dentistes à exercer en France une partie de notre profession. Mais il n’y a pas que les chirurgiens-dentistes… toute une liste de professions de santé se voit dotée d’un accès partiel (voir ci-dessous). C’est inacceptable !
Vous semblez tomber des nues. Rien ne vous avait-il alerté, alors que vous saviez que la dérégulation était enclenchée dans maints domaines ?
D. H. : Lors du dernier Congrès confédéral, la Commission IV avait largement évoqué la pertinence de réfléchir sur cette question. De plus, nous avions eu vent d’un pré-rapport de la Commission européenne, mais le gouvernement français y a répondu directement sans aucune concertation avec les syndicats ni avec l’Ordre. Nous ne connaissons même pas la teneur de cette réponse.
Tout ce que nous savons, c’est qu’une fois encore « la France lave plus blanc que blanc » allant largement au-delà des préconisations européennes.
L’assistant dentaire figure dans la liste des professions pouvant prétendre à un accès partiel à la profession de chirurgien-dentiste. De votre côté, vous réfléchissez à un hygiéniste « made in France ». Tout cela semble pourtant aller dans le même sens. Pourquoi crier au loup ? Votre position n’est-elle pas ambiguë ?
D. H. : Vous faites fausse route ! Par ce projet d’ordonnance, il s’agit de voir par exemple des hygiénistes d’autres pays venir pratiquer en France des actes pour lesquels ils sont diplômés, alors que la France ne dispose pas d’un corps d’hygiénistes. C’est cela l’accès partiel… vous verriez ainsi des hygiénistes étrangers venir pratiquer chez nous empreintes, détartrage et soins conservateurs. Il en irait de même pour les denturologues dans le domaine de la prothèse dentaire. Notre projet d’hygiénistes « à la française » est d’une tout autre teneur et c’est ce qui permettrait de contrecarrer ce droit à l’accès partiel et donc de pouvoir occuper cet espace professionnel vacant convoité par l’ultralibéralisme européen.
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L’évolution du métier d’assistante dentaire est également évoqué dans le « Livre Blanc » de la santé bucco dentaire publié par le Conseil de l’Ordre des Chirurgiens dentistes :
« La question de la création de nouveaux métiers «dentaires» revient périodiquement sur le tapis, avec en particulier la profession d’hygiéniste. Mais la tendance va plutôt au renforcement d’un métier déjà existant, bien qu’insuffisamment valorisé, celui d’assistant dentaire. Cette profession vient de faire son entrée au Code de la santé publique.Aussi la première chose à faire est-elle d’en définir précisément les contours avant de penser à créer d’autres métiers. Une précision à ce sujet: si l’éducation à l’hygiène bucco-dentaire fait bien partie du champ de compétences des assistants dentaires, le maquillage de céramiques, par exemple,ne devrait pas leur incomber. Si le travail en équipe et la délégation de tâches sont à envisager, certaines limites doivent être posées. »