NANTES, 18 mai 2015 (Direct Hôpital) – Le matériel utilisé en médecine et en chirurgie bucco-dentaire peut représenter un véritable casse-tête pour les équipes de stérilisation notamment par sa diversité, ont montré les journées nationales d’études sur la stérilisation dans les établissements de santé organisées en avril à Nantes par le Centre d’études et de formation hospitalières (CEFH).
Les actes pratiqués en médecine et en chirurgie bucco-dentaire sont nombreux et variés. Il existe de nombreuses spécialités nécessitant des instruments nombreux et très diversifiés pour la réalisation d’un seul acte, ont expliqué les Drs Isabelle Hyon du CHU de Nantes et Philippe Rocher du CHU de Lille, tous deux chirurgiens-dentistes.
Le Dr Hyon a cité l’odontologie conservatrice (pour soigner la couronne dentaire en enlevant les tissus infectés puis en reconstituant avec des amalgames ou des résines), l’odontologie pédiatrique (ce qui impliquera des instruments de taille différente), l’endodontie (à l’intérieur de la dent), les prothèses, l’occlusodontie (pour faire toucher les dents), la paradontologie, la chirurgie orale (avulsions de dents, traumato) et l’orthopédie dento-faciale (pour optimiser l’équilibre postural et l’occlusion avec les appareils multi-bagues).
Ces spécialités font appel à beaucoup de rotatifs qui peuvent poser des difficultés en stérilisation du fait de la présence de moteurs, a-t-elle souligné. Elle a aussi cité les porte-empreintes, dispositifs qui comportent « des milliards de trous pleins de matériau qui durcit et qui deviennent un enfer à nettoyer ». Ceux à usage unique sont en plastique et se déforment et ne sont donc pas une « solution miracle », a-t-elle ajouté.
Le Dr Rocher a expliqué pourquoi le matériel est si varié comme les fraises qui ont des formes et des textures différentes en fonction de la matière qu’elles vont attaquer (dent, céramique, métal). « Il existe des pages de références » et il faut être utilisateur quotidien pour bien les différencier, a-t-il reconnu.
De même pour remplir une cavité, le matériau utilisé (amalgame ou composites) imposera une série d’instruments différents pour le sculpter, le brunir (polir). Le matériel pour l’élargissement des racines, lors d’une dévitalisation, est aussi très varié et soumis à des contraintes différentes pour suivre la forme de la racine.
Parmi les pinces, curettes, spatules, précelles, inserts, beaucoup d’instruments se ressemblent mais ils ont en fait des utilisations différentes, a-t-il expliqué.
Il a recommandé de réaliser un travail d’élimination dès la salle de soins pour le matériel qui ne peut être utilisé qu’un nombre limité de fois au risque de casser. Il existe des séquenceurs permettant de compter le nombre d’utilisations selon les préconisations du fabricant, mais le chirurgien-dentiste est le plus à même de savoir si son instrument pourra encore supporter une utilisation ou pas, a-t-il estimé. « Cela se sent », a-t-il noté.
Cela nécessite de gérer aussi le réassortiment et donc d’avoir un stock à disposition, a fait remarquer Gaël Grimandi, pharmacien au CHU de Nantes. Si la prédésinfection est faite en service de soins avant l’acheminement en stérilisation, on peut lui réserver un lieu unique pour tous les boxes de dentisterie, avec un stock à disposition.
Le traitement en stérilisation qui comprend notamment la reconstitution des plateaux et cassettes n’est pas aisé.
« Ce matériel demande beaucoup de temps pharmaceutique alors qu’il représente 10% de notre catalogue de dispositifs médicaux pour à peine 5% de la masse budgétaire », a noté Dominique Thiveaud, pharmacien au CHU de Toulouse, président du comité scientifique des journées.
Pour ces instruments variés, c’est le risque infectieux qui conditionne le traitement, a ajouté Bruno Baune, pharmacien à l’hôpital Louis Mourier à Colombes (AP-HP), qui traite beaucoup de matériel dentaire.
Il a rappelé qu’il fallait tenir compte du risque prion et pour les agents transmissibles conventionnels, « le risque est réel ». Sans stérilisation du matériel dentaire, il a été estimé que cela induirait un cas par an de transmission pour le VIH, 200 cas par an pour le virus de l’hépatite B (VHB) et trois cas par an pour le VHC.
Il faut utiliser des liquides pour dissoudre les alginates, les dépôts de plâtre et recourir à des brosses, a-t-il cité. Le pharmacien a demandé à ses collègues chirurgiens-dentistes de bien sensibiliser leurs étudiants à essuyer leurs instruments comportant des produits dentaires. Les bacs à ultrasons sont très utiles dans ces situations.
Lui aussi a plaidé pour que le chirurgien-dentiste fasse l’évaluation de la fonctionnalité des fraises par exemple car c’est plus efficace.
Il a mentionné la place grandissante de l’usage unique.
Source: http://www.directhopital.com/Dispositifs-medicaux-le-materiel-bucco-dentaire-un-veritable-casse-tete-en-sterilisation-NS_1620.html#ixzz3hC5D9800