Plusieurs cabinets dentaires à bas prix viennent de fermer en Ile-de-France. Les patients, parfois endettés, ne savent plus comment terminer leurs soins…
Elle ne demandait pas un sourire de princesse ou une dentition parfaite. Juste quelques soins pour pouvoir manger et parler sans problème. Au lieu de ça, Michelle Bergeron vit aujourd’hui avec 14 dents en moins, deux dentiers provisoires – « un en haut, un en bas » – et l’angoisse de ne jamais en finir avec son chantier bucco-dentaire. Depuis un mois, son chirurgien-dentiste parisien a baissé le rideau. « Nous vous recontacterons quand nous aurons un dentiste à disposition », indique le répondeur téléphonique du cabinet de Jean-Claude Pagès, en arrêt maladie comme l’indique une lettre envoyée en décembre 2015 à certains patients.
« En attendant, plus personne ne me soigne et on ne me propose rien », peste la sexagénaire, d’autant plus agacée qu’elle a souscrit un crédit pour se soigner, à hauteur de 17.000 euros. Comme elle, Jean-Paul Blanot attend des nouvelles de son praticien. Ce Parisien de 65 ans avait déboursé 12.000 euros pour se faire poser 13 implants dans un centre dentaire à bas prix du quartier Saint-Lazare. Dans le même temps, d’autres patients ne sont plus soignés à Colombes (Hauts-de-Seine) où un centre low cost* a fermé récemment. Tout comme à Lyon, où l’Agence régionale de santé de Rhône-Alpes (ARS) a fermé un cabinet à bas prix pour des raisons sanitaires.
« Pas une seule fois n’a été retenu le grief de mutilation »
Plus grave, d’autres patients dénoncent des excès de soins, voire des mutilations, l’appellation idoine lorsque des dents « saines » sont remplacées par des prothèses. Une accusation balayée par l’avocat de Dentexia, Me Bessis : « Tous les centres ont été contrôlés par la Sécu. Pas une seule fois n’a été retenu le grief de mutilation. » En interne, plusieurs salariés évoquent pourtant une course au rendement particulièrement pesante.
« C’est le chiffre, le chiffre, le chiffre. On demande aux conseillères cliniques de rentrer 90.000 euros par fauteuil et par mois », témoigne sous couvert d’anonymat une ancienne salariée qui refusait régulièrement les demandes de consultations pour des enfants. « Pas assez rentables. On préfère les implants. On n’a pas le droit de le dire. Alors on explique qu’on n’est pas équipés pour ». Après un premier bilan de santé, si les devis sont trop élevés, des crédits à 0 % seraient aussi proposés aux patients, notamment par l’intermédiaire de l’organisme Franfinance.
« Fauteuils en panne », « problèmes de logiciels »
Plusieurs patients évoquent une tendance lourde pour les annulations de rendez-vous dans les centres Dentexia ou les cabinets libéraux avec lesquels ils travaillent. Ils citent pèle mêle des « fauteuils en panne », des « problèmes de logiciels », des « grandes listes d’attentes » ou des dentistes « en arrêt maladie ». Mais aussi un turn-over incessant chez les chirurgiens, souvent « très jeunes », « ne parlant pas très bien français ». Et donc une absence totale de suivi médical sur la durée, voire des diagnostics discordants après changements de praticiens.
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