Le ministère de l’Economie veut que le coût de revient des prothèses dentaires soit inscrit sur le devis médical. Certains prothésistes réclament une facture séparée.
Encore un petit effort de transparence. Emmanuel Macron a expliqué dimanche sur M6 que les chirurgiens-dentistes allaient bientôt devoir inscrire le prix des prothèses dentaires dans leurs devis. La mesure sera ajoutée à la loi Santé par voie d’amendement au moment de son passage devant les députés, au printemps.
En mettant en évidence les marges réalisées par les chirurgiens-dentistes sur certains équipements, le ministre de l’Economie espère faire baisser les tarifs pour les patients et pour l’assurance-maladie. Alors que les dépenses de santé sont corsetées, le montant remboursé des dispositifs médicaux ambulatoires a doublé de 2000 à 2012, atteignant 5,06 milliards d’euros, selon la Cour des Comptes.
Un sujet sensible
Les prothèses dentaires ne représentent qu’une petite partie de cette facture, mais le sujet est sensible. Une couronne coûte plus de 500 euros, alors que la Sécurité sociale prend en charge moins de 100 euros. Mieux vaut donc tomber sur un dentiste qui ne marge pas trop, et être bien couvert par sa mutuelle. La loi Santé va d’ailleurs plafonner le prix des prothèses dentaires pour les petits revenus bénéficiaires de l’ACS (aide à la complémentaire santé).
Le gouvernement précédent avait déjà tenté de rendre obligatoire la mention du coût de revient dans les devis des chirurgiens-dentistes. Mais le texte a été amendé. Résultat, depuis le 1er novembre, les chirurgiens-dentistes mentionnent non le coût de revient mais le prix d’achat, marge du praticien incluse. Ce qui fait dire à Jacques Le Voyer, président du syndicat professionnel UJCD, que la transparence est suffisante : « Les chirurgiens-dentistes se sont déjà engagés à indiquer d’où vient la prothèse, et moi je fournis à mes patients un document de traçabilité. La profession est lasse d’être montrée du doigt. »
« Revaloriser la prévention »
Certes, reconnaît-il, « certains indélicats » facturent au même prix la prothèse fabriquée en France et celle, qui leur revient moitié moins chère, qu’ils ont achetée en Chine ou à Madagascar. Mais le vrai problème est ailleurs. Sans les marges des bridges, couronnes et autres implants, les cabinets dentaires sont déficitaires de 85.000 euros par an, souligne-t-il. Le plateau technique coûte 140.000 à 180.000 euros, auquel il faut ajouter le coût du personnel et les consommables. « Les soins conservatoires ne sont pas rentables. Au lieu de se focaliser sur les prothèses, il faudrait revaloriser la prévention, car le système sponsorise l’échec thérapeutique « , plaide-t-il.
Une partie des prothésistes dentaires sont sur la même ligne que les chirurgiens-dentistes, leurs donneurs d’ordre. D’autres, comme Nicolas Rey, du syndicat SFFFDMM, estiment que la mesure Macron ne suffira pas à faire baisser les prix : « Il faut mettre fin au monopole des chirurgiens-dentistes, pour que le patient choisisse librement son prothésiste », déclare-t-il.
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