CONSULTATION – Dans une lettre ouverte adressée à ses patients, le docteur Besse explique en quoi le Covid-19 est venu compliquer une situation déjà très difficile.
Parce qu’il « aime son métier » et qu’il ne supporte plus de « voir des patients souffrir », parce qu’il est fatigué de voir « des collègues débordés » et las de « prévenir les autorités », le dentiste Frédéric Besse, installé à Périgueux, a décidé de prendre la plume.
Dans une lettre ouverte adressée aux patients périgourdins, le docteur fait œuvre de pédagogie. Il détaille comment les mesures barrières, « très justifiées », mises en place dans les cabinets pour éviter la propagation du Covid-19, sont venues « bloquer tout un système » déjà mal en point.
« Un petit peu de coercition »
Le temps de préparation et de désinfection entre deux patients fait qu’il ne peut plus prendre « cinq ou six urgences par jour », celles qui « méritent un coup de bistouri, pour soulager ». Une situation conjoncturelle délicate qui vient s’ajouter à un manque structurel de praticiens dans le département.
Comment améliorer la situation ? « En étant un tout peu petit peu coercitif, avec un conventionnement sélectif. Dans les zones surdotées comme à Bordeaux ou sur la Côte basque, si les jeunes dentistes ne reprennent pas un cabinet, ils ne doivent pas pouvoir être conventionnés », explique le dentiste ; ce qui implique une non prise en charge des soins des patients par la Sécurité sociale et les mutuelles.
>> Ci-dessous, la lettre du Dr Besse :
« Madame, Monsieur, chers patients, comme vous avez pu le remarquer, vous avez les plus grandes difficultés pour obtenir un rendez-vous avec votre dentiste, en particulier dans les départements sous-dotés en praticiens comme la Dordogne et bien d’autres encore.
« Les raisons de cet état de fait sont multiples et anciennes : depuis des années, nous voyons les praticiens de nos départements partir à la retraite sans être remplacés ; depuis des années, nous prévenons les autorités de la catastrophe à venir ; et depuis des années, par lâcheté politique, par immobilisme administratif, l’État laisse couler l’hémorragie, permettant l’installation de quantités de praticiens dans certains endroits (bords de mer, métropoles) sans les inciter à s’installer là où ils feraient besoin.
Il manque 100 praticiens
Le résultat est là : 200 praticiens pour 420 000 habitants en Dordogne, 1 200 praticiens pour 1,5 million d’habitants en Gironde. Cherchez l’erreur. Afin de bien soigner l’ensemble des Périgourdins, en temps normal, il faudrait que nous soyons 300 praticiens.