Coronavirus dans les Yvelines : pendant la crise, le dentiste se mue en aide soignant

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Emmanuel Fougère, dentiste à Limay contraint de suspendre son activité, est venu aider le personnel de l’hôpital de Trappes.

A Trappes, l’aide-soignant est en fait… dentiste. Depuis début avril, Emmanuel Fougère, dont le cabinet est implanté à Limay, a rejoint le service réanimation de l’hôpital privé où des malades du Covid-19 sont pris en charge.

Le dentiste de 54 ans ne peut plus exercer son activité : sa profession est l’une des plus exposées au Covid-19, en raison du risque très élevé de contamination. Mais pour ce professionnel de santé, pas question de rester inactif. Alors il a proposé ses services, par le biais d’une plateforme Internet spécifique, pour intégrer les équipes médicales au chevet des malades du Covid-19. « En voyant les soignant en galère face à l’épidémie, je me suis dit qu’il fallait que j’aille les aider, confie-t-il. Au préalable, j’en ai parlé avec mon épouse Frédérique et mes enfants. Tous m’ont encouragé. »

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Dès son arrivée à l’hôpital de Trappes, il a découvert « une communion » entre les services et « la conscience professionnelle hors normes des soignants » toujours sur le qui-vive.

Les patients en réanimation sont surveillés en permanence par des caméras. « Chacun d’entre eux est soigné ou alimenté à l’aide de six ou sept seringues et quatre à cinq machines sont autour d’eux pour surveiller leur rythme cardiaque ou leur respiration », détaille le dentiste, qui a suivi une formation d’aide-soignant avant de pouvoir intégrer le service.

« J’éprouve de la fierté »
« Je fais la toilette des patients en soins intensifs, raconte-t-il. Je les lave, je soigne leurs blessures causées par les branchements à la bouche et je masse les corps endoloris et rougis parce qu’ils sont complètement immobiles ». Ces soins sont effectués en binôme et ce duo d’aides-soignants prend en charge deux à trois malades par jour, entre 8 heures et 20 heures. « Je fais parfois des glycémies en piquant le doigt d’un malade pour connaître son taux de sucre dans le sang, j’ai même appris à réaliser un électrocardiogramme », ajoute-t-il.

Les émotions sont très fortes. « Je vois des médecins et des infirmières dévoués corps et âme faire des massages cardiaques pour redonner vie à certains patients dont le cœur s’est arrêté de battre, confie Emmanuel Fougère. On assiste aussi à l’arrivée des proches des malades en pleurs. Il arrive également qu’après avoir été sous assistance respiratoire, l’état de santé d’une personne s’améliore, mais quelques heures plus tard, le virus reprend le dessus, il faut l’intuber de nouveau… »

Ce week-end, il a vécu l’annonce du décès du docteur Jacques Fribourg, l’ancien chef des urgences de l’hôpital de Trappes, en retraite depuis décembre, mais qui avait repris du service pendant la crise sanitaire. « Il était très apprécié, les gens étaient effondrés, souffle Emmanuel Fougère. Malgré ce drame, tout le monde continue le travail pour sauver des vies. »

 

http://www.leparisien.fr/yvelines-78/coronavirus-dans-les-yvelines-pendant-la-crise-le-dentiste-se-mue-en-aide-soignant-27-04-2020-8306883.php