Fermés depuis le 16 mars, sauf pour de très rares urgences, les dentistes d’ Ile-de-France redoutent maintenant la reprise et craignent l’embouteillage dans les cabinets.
Les cabinets sont fermés. Mais les dentistes travaillent… Depuis le 16 mars et la demande du conseil national de l’ordre, les praticiens répondent aux appels téléphoniques de leurs patients, leur apportant des solutions temporaires ou les redirigeant, en cas d’urgence, vers un centre de régulation départemental qui pourra prévoir une intervention dans une structure de garde. « Mais il vaut mieux ne pas avoir une rage de dent en ce moment », souligne un professionnel des Hauts-de-Seine.
Avec la perspective de réouverture le 11 mai, les dentistes demandent désormais des réponses aux autorités qui ont été saisies par courrier en fin de semaine dernière. «Il fallait fermer pour lutter contre la propagation du virus, protéger nos patients et nous-mêmes, notre profession est très exposée, on est au contact de la salive et avec nos outils, des micro-gouttelettes se répandent dans l’air puis se déposent sur tous les supports », détaille Marianne Franchi du syndicat des femmes chirurgiens-dentistes. « On n’a pas été soutenus depuis le début par l’ARS ou l’Etat. Mais on doit savoir maintenant comment et où s’équiper en matériel de protection? »
«On devra désinfecter la pièce après chaque patient»
«Jusqu’à présent nous n’avions même pas le droit d’acheter des masques, rappelle Brigitte Ehrgott, présidente du conseil de l’ordre de Paris des chirurgiens-dentistes. Mais comment notre activité peut-elle être rentable avec ce surcoût? On a plafonné nos honoraires. Et pour une consultation ou un détartrage aux alentours de 25 euros, avec maintenant 15 euros d’équipement de protection en plus, de nombreux confrères ont peur de ne pas s’en sortir.» Avant cette crise sanitaire, entre le bail et le salaire des assistants, le coût horaire d’un cabinet dentaire en Ile-de-France était en moyenne de 180 euros.
«En plus, parmi les mesures supplémentaires pour décontaminer, on devra désinfecter la pièce après chaque patient », annonce Brigitte Ehrgott. Et espacer donc les rendez-vous. Un casse-tête pour les dentistes de banlieue. Car, s’il est possible à Paris d’être pris en charge en moins de trois semaines, au delà du périphérique l’attente avoisine souvent 2 à 3 mois.