Le 16 mars l’Ordre national des chirurgiens-dentistes a demandé à tous les praticiens de fermer leurs cabinets, afin de limiter la propagation de l’épidémie. Installé à Paris, Moïse Elbaz a choisi de rouvrir malgré tout. Pour «assurer la continuité des soins».
Tremblement de terre dans le milieu bucco-dentaire. Tous les dentistes ont été contraints de cesser leur activité dès le 16 mars à la «demande» du conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes. «C’était une question de santé publique, pour limiter la propagation du virus, car nous travaillons directement dans la bouche des patients », rappelle Brigitte Ehrgott, présidente du conseil de l’ordre de Paris.
Depuis plus d’un mois, seuls 4 à 6 cabinets de garde sont chargés d’assurer les urgences dans chaque département francilien, sous l’égide des conseils départementaux de l’ordre qui mettent en place une régulation téléphonique pour diriger les cas les plus graves vers ces structures.
Mais, pour faire face à leurs difficultés financières ou pour venir en aide aux patients, certains dentistes ont refusé de fermer ou choisi de rouvrir. C’est le cas de Moïse Elbaz, installé dans le 17e arrondissement : «Il y avait un réel besoin, en 15 minutes sur doctolib tous mes rendez-vous ont été remplis et plus de la moitié des gens viennent d’un autre arrondissement ou de banlieue, certains même de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), du Val-d’Oise, ou de l’Essonne », assure-t-il en montrant son planning.
Ce praticien a fermé mi-mars comme tous les autres, mais a repris son activité voici une semaine. «On ne peut pas laisser les gens sans soin pendant deux mois, reprend-il. Ceux que j’ai pris en charge m’ont tous remerciés car ils n’arrivaient pas à voir un dentiste et ils souffraient. Pendant le confinement, le peu de dentistes de garde, n’a pas pu répondre à la demande de la population. On ne peut plus rester les bras croisés devant cette situation. La téléconsultation ne suffit pas dans notre métier. Alors j’ai pris le risque de rouvrir, un risque mesuré. Sans mon assistante d’ailleurs, que je ne veux pas impliquer dans ce choix.»
«Des dents fracturées, des infections»
En consultant les derniers actes pratiqués, il affirme que 90% des visites de ces derniers jours relevaient de l’urgence. «Des dents fracturées en deux, des infections qui auraient pu finir en septicémie », énumère-t-il.
Malgré tout, Moïse Elbaz reste passible de sanctions. Le conseil départemental de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Paris ne tolère pas ces ouvertures «sauvages». «On a fait fermer une quinzaine de cabinets ou de centres à Paris depuis le 16 mars, souligne Brigitte Ehrgott. Ce sont souvent des patients qui étaient choqués du manque d’hygiène qui nous ont prévenus. Il y a quelques confrères qui se fichent de l’éthique. Heureusement beaucoup d’autres sont vertueux. Mais avec la chambre disciplinaire, nous statuerons contre ceux qui ont ouvert. Cela ira de l’avertissement à la suspension quelques jours. »
«Je ne suis pas un kamikaze, je sais ce que je fais»