Face au manque de moyens, les dentistes veulent se faire entendre

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Toujours mobilisés malgré la fermeture de leur cabinet, les dentistes de la Vienne s’inquiètent du silence des autorités sur leur profession. L’après confinement est également une préoccupation.

Si les cabinets des dentistes sont fermés depuis le début du confinement, les soins eux ne s’arrêtent pas. Pour éviter la surcharge du 15, le conseil départemental de l’Ordre des chirurgiens-dentistes a ainsi mis en place une plateforme d’appels pour traiter les urgences. Ces appels sont reçus à la maison dentaire de la Vienne, à Poitiers. « J’ai commencé un matin chez moi, j’ai eu 180 appels », souligne le docteur Christian Yéni, chirurgien-dentiste à Saint-Benoît.
« C’est une question de santé publique »
Pour un conseil, une ordonnance ou orienter les patients vers l’un des deux cabinets de garde (tous les jours de 14 h à 18 h), les dentistes et la maison dentaire restent mobilisés. Surtout que le conseil de l’Ordre estime qu’environ un tiers des habitants de la Vienne sont actuellement sans dentiste traitant. « La régulation est importante pour ces gens-là. » Mais les praticiens regrettent cependant le manque de considération de leur profession de la part des pouvoirs publics. « Quand Olivier Véran (le ministre de la Santé) parle des autres professions mais pas de nous, c’est frustrant, continue Christian Yéni. Il ne faut pas oublier que dès le début du confinement, il y a eu une grosse solidarité de la part des dentistes qui n’ont pas hésité à donner leur matériel. » Et du matériel (masques, gants, surblouses), c’est justement ce qu’il manque aux dentistes. « Le problème, c’est qu’on ne peut plus s’approvisionner auprès de nos fournisseurs car leurs produits ont été réquisitionnés par l’État, explique de son côté Alexandre Wahart, le président du conseil départemental de l’Ordre des chirurgiens-dentistes de la Vienne. On a quand même la chance d’avoir trouvé un importateur, mais ça représente quand même un investissement de 100.000 euros. » Enfin, les dentistes se questionnent sur l’après confinement et l’organisation nécessaire pour accueillir leurs patients en toute sécurité. Pour Alexandre Wahart, « c’est une question de santé publique ». Car si les cabinets ouvriront de nouveau leurs portes, le coronavirus n’aura pas totalement disparu. Ce qui aura forcément des répercussions sur l’activité des praticiens. « On va avoir un problème lors de la reprise, termine Christian Yéni. Avec les mesures que l’on va devoir mettre en place, on aura deux fois moins de patients et on ne pourra pas traiter tout le monde. »

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