La lettre suivante a été transmise simultanément à tf1, france 2, france 3, magazine de la sante france 5, dauphiné libéré…). Nous la reproduisons ici pour en augmenter la visibilité et pourquoi pas vous en inspirer pour toucher les médias.
Situation financière de plus en plus préoccupante de la majorité des consoeurs et confrères (report des charges qu’il faudra bien finir par régler, absence totale de chiffres d’affaire, emprunts pour palier au caisses vides… Parution demain dans les pages du journal « Le Dauphiné Libéré ».
Madame, Monsieur
Chirurgien-dentiste depuis bientôt trente ans, comme tous mes confrères, je suis aujourd’hui confronté à une situation inédite, terrible et parfaitement inadmissible.
Dès la mise en place des mesures de confinement, sous recommandation de l’ARS, du ministère de la Santé et du Conseil National de l’Ordre de notre profession, l’ensemble des dentistes de France ont fermé leur cabinet. Personne, parmi nous, ne s’est posé la question de savoir quel impact aurait cette fermeture sur nos trésoreries. La santé de concitoyens passait avant toute autre considération.
Il était primordial que nous nous soumettions à cet arrêt complet de notre activité, car le fait que nous travaillons en bouche avec des instruments générant une « aérosolisation » de la salive des patients aurait forcément engendré une contamination croisée d’une ampleur difficilement quantifiable et particulièrement mortifère.
Sans l’aide de personne (ni la CNAM ni le ministère de la Santé), conscients que certains de nos patients pouvaient présenter des pathologies relevant de l’urgence absolue, nous avons mis en place un service de garde avec régulation départementale et ouverture de cabinets équipés des protections individuelles (que nous avons dû nous procurer par nous-mêmes). Cette mesure s’est accompagnée d’une gestion à distance en téléconsultation (que, contrairement à d’autres professions médicales, nous n’avons pas le droit de faire payer) pour rassurer nos patients, les conseiller et, le cas échéant, établir une prescription adressée par mail ou à la pharmacie de leur choix. De plus, dans le département de l’Isère, un service baptisé « dentidrive » permet aux patients porteurs de prothèses dentaires complètes cassées de bénéficier d’un service (toujours assuré par des dentistes bénévoles) de prise en charge de leur prothèse qui leur est rapportée le surlendemain à domicile.
Là encore, nous ne nous sommes pas posé la question de la rémunération. L’important était de soigner.
Je me permets de préciser que nombre d’entre nous, afin d’aider les médecins, infirmières … ont donné l’ensemble de leurs masques et autres protections au personnel de santé, dés le début des mesures de confinement.
Aujourd’hui, quel est le bilan :
* Aucune aide financière n’a encore été apportée aux dentistes alors que l’ensemble de la profession, bien qu’elle doit honorer ses charges, et les trésoreries des cabinets sont au plus mal.
* Les assurances refusent de considérer la pandémie comme un motif de déblocage des fonds prévus en cas de perte financière dans le cadre de l’assurance multirisque professionnelle et de perte d’activité.
* Aucune mesure n’a été prise par le gouvernement pour permettre aux dentistes de se fournir en masques et équipements de protection individuelle indispensable à la reprise de notre activité que le ministre souhaite pour le 11 mai. Situation d’autant plus « ubuesque » que ces équipements nous sont interdits à la vente puisque réquisitionnés jusqu’au 31 mai pour d’autres professions médicales (médecins, infirmières, ambulanciers, aides médicaux …), ce qui laisse supposer que nous ne faisons pas partie des « soignants » de ce pays. Situation d’autant plus inadmissible qu’une publication de l’OMS place à la profession de chirurgien- dentiste comme la plus exposée au covid-19.
* La reprise des soins se fera de telle manière qu’elle ne permettra certainement pas aux dentistes de retrouver un chiffre d’affaires leur permettant d’honorer les reports de charges et, pour tous ceux qui ont été obligés d’y avoir recours, pour rembourser le prêt garanti par la BPI qu’ils ont souscrit pour payer salaires, fournisseurs, impôts…
Le bilan est dramatique.
Certains confrères sont au bord de la faillite.
Beaucoup mettront des années à se relever de cette situation.
L’appel que je lance aujourd’hui est un cri d’alarme !
NOUS AVONS BESOIN D’ÊTRE AIDÉS ET CONSIDÉRÉS !
Nos dirigeants, nos assureurs, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie… tous sont sourds à nos appels.
C’est pourquoi je me permets de vous envoyer cette « bouteille à la mer » dans l’espoir que vous relaierez le message qu’elle contient pour faire en sorte qu’enfin l’appel à considération des dentistes de ce pays soit entendu.
Merci,
Docteur Jean-Louis de Richaud