Coronavirus : Soins dentaires à l’arrêt, pas d’aide, sentiment d’abandon chez les dentistes

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Suite à la fermeture des cabinets dentaires libéraux, il est difficile de prendre rendez-vous pour être soigné. Un ancien dentiste, de l’Orne, évoque le sentiment d’abandon.

Le conseil de l’ordre des dentistes a décidé de fermer les cabinets dentaires libéraux

« Nous sommes désolés mais au vu de vos symptômes, vous n’avez pas assez mal ». Depuis plusieurs jours, Marion, habitante de l’Orne, recherche un dentiste pour soigner une carie qui lui fait mal au quotidien. « Quand je bois ou quand je mange, je ressens une douleur au niveau d’une dent ».

« Prendre mon mal en patience »
Mais suite à la décision du conseil de l’ordre des dentistes de fermer tous les cabinets par mesure de précaution, en pleine crise du coronavirus, la prise de rendez-vous est devenue un vrai chemin de croix. « Je vais attendre et prendre mon mal en patience. J’ai pu avoir une personne sur une plateforme téléphonique qui m’a informé que deux structures de garde existaient dans l’Orne ». Pas plus, pas moins… Difficile donc d’espérer avoir un rendez-vous.

Pour Denis, ancien dentiste :

La fermeture des cabinets libéraux a été une bonne décision. Nous n’étions pas assez protégés. Il fallait éviter de propager le virus dans les cabinets dentaires et de le transmettre aux autres.

Il reconnaît néanmoins que « seules les urgences vont être prises en charge : des douleurs violentes, des abcès extrêmement douloureux, une rage de dents ».

Mais face à ces fermetures de cabinets, légitimes encore une fois, Denis déplore « le sentiment d’abandon présent chez les dentistes libéraux ». Un sentiment exacerbé en pleine crise du coronavirus mais « qui existe depuis des dizaines d’années ».

« C’est la faillite assurée »
Selon l’ancien professionnel, « les décisions et annonces gouvernementales prennent en comptent toutes les professions de santé, pour les aider, sauf les dentistes ». En filigrane, aucune aide financière n’est prévue pour les dentistes.

Mais vous imaginez les conséquences d’un cabinet fermé ? En moyenne, c’est 20 000 euros de frais par mois avec des équipements dont l’investissement est faramineux. Si on ferme plusieurs semaines, il n’y a aucune rentrée d’argent. Comment tenir ? C’est la faillite assurée.

Mais voilà, « nous sommes des gros riches et pouvons tout nous payer. Donc, il n’y a aucun effort à faire pour nous et nous n’avons pas à nous plaindre ». Preuve à l’appui :

L’un de mes collègues s’est renseigné sur des aides existantes pour la profession avec la crise sanitaire. On lui a répondu que non, qu’il pouvait travailler chez lui. C’est faux puisqu’il exerce dans son cabinet, aujourd’hui contraint d’être fermé. Ce type de traitement provoque des vexations. On se demande ce qu’on leur a fait ? Sans parler de notre syndicat qui ne nous protège pas.

Des bricoleurs ?
Un stéréotype qui colle à la peau des professionnels, « Bernard Kouchner (NDLR : diplômé de la Faculté de médecine de Paris et ancien ministre de la Santé et de l’Action humanitaire) nous avait même qualifiés de »cochons de dentistes ». A croire que nous ne sommes que des bricoleurs ».

A terme, Denis pense que « l’objectif est de faire fermer des cabinets libéraux pour implanter des cabinets mutualistes avec des dentistes salariés. Sauf que les conditions de travail de ces dentistes sont inacceptables ».

 

https://actu.fr/normandie/rugles_27502/coronavirus-soins-dentaires-larret-pas-daide-sentiment-dabandon-chez-dentistes_32858518.html?fbclid=IwAR3IIwDxnkHyv5JNmEiMs0op8DeksippC8BQ1uC2gAn_tsuYZY25XIArDAw