À l’époque en tant que député de l’Isère, le nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est appuyé sur une expérimentation de l’Ordre de l’Isère pour faire adopter une disposition créant officiellement la fonction de chirurgien-dentiste régulateur dans les centres 15. Reste maintenant à déployer le dispositif.
Enfin ! La fonction de chirurgien-dentiste régulateur est reconnue par le législateur. En effet, la loi de Financement de la sécurité sociale 2020 prévoit, et c’est une grande première, le « concours de chirurgiens-dentistes d’exercice libéral au fonctionnement d’unités participant au service d’aide médicale urgente ». Passée presque inaperçue, la création de ce statut va améliorer de façon substantielle la permanence des soins ambulatoires (PDSA) dans notre champ médical.
À tout seigneur, tout honneur, on doit cette initiative à Olivier Véran, député de l’Isère et désormais ministre de la Santé, à l’origine de l’amendement visant à associer les chirurgiens-dentistes libéraux au dispositif de régulation des urgences. Une initiative qui ne venait pas de nulle part. Il s’est en effet appuyé sur une expérimentation bénévole en Isère. Pilotée par Nathalie Uzan, présidente du conseil départemental de l’Ordre de l’Isère, cette expérimentation s’est déroulée d’avril à juin 2016. La date est importante. À cette époque en effet, le législateur vient de confier la gestion des urgences dentaires au Samu et non plus à l’Ordre.
Problème : comment réguler de façon opérationnelle les urgences dentaires sans chirurgien-dentiste au sein du Samu ? C’est sur ce constat qu’est née l’idée de cette expérimentation qui, il convient de le souligner, n’aurait jamais pu voir le jour sans l’engagement bénévole de Nathalie Uzan et des 14 praticiens qui y ont participé. Non financée, cette expérimentation tombait pourtant sous le sens en termes de « service rendu à la population, mais aussi de réduction des coûts de prise en charge via une régulation appropriée ».
En pratique, les dimanches et jours fériés de 9 heures à 12 heures, un chirurgien-dentiste pilote un poste de régulation au Centre 15 du Samu. Keyvan Khamesi a fait partie des premiers volontaires chirurgiens-dentistes. Il témoigne : « L’Ordre a invité les praticiens du département à participer à cette expérimentation. J’ai tout de suite adhéré à cette initiative locale et opérationnelle. L’accueil des médecins du Samu a été on ne peut plus chaleureux et enthousiaste avec la présence d’un chirurgien-dentiste qui répond aux demandes dentaires ! »
En 2016, pendant six mois, les 14 chirurgiens- dentistes bénévoles et volontaires de l’Isère ont donc traité les urgences dentaires du Samu 38 et, poursuit Keyvan Khamesi, « les résultats ne se sont pas fait attendre. Ainsi, 40 % des appels liés à des problèmes dentaires ne nécessitaient pas une consultation dans un cabinet de garde ». Traduction : moins de patients dirigés vers des cabinets de garde, par conséquent plus de disponibilité pour chaque prise en charge réellement justifiée. Quant aux médecins régulateurs du centre 15, ils ont, de leur côté, été délestés en moyenne, durant l’expérimentation, de 37 appels liés à des demandes dentaires, par demi-journée. Nathalie Uzan explique que cette « organisation et le bon aiguillage des patients, grâce au logiciel de géolocalisation du Samu, ont eu pour effet une nette diminution de l’attente, du stress et de l’anxiété des patients. Cette réelle prise en charge permet une diminution de la surcharge de certains secteurs de garde (par exemple à Grenoble : 50 à 60 patients par jour).
À noter que le chirurgien-dentiste régulateur pouvait, pendant l’expérimentation, recourir à la télé-prescription au même titre que les médecins régulateurs. De plus, même en prenant en compte le salaire que percevront ces chirurgiens-dentistes régulateurs, l’économie sur une année dans notre département pour l’assurance maladie serait d’au moins 33 000 € ».
Quatre ans plus tard, Jean Godart, médecin responsable du centre 15 (la régulation du Samu), continue à saluer cette expérimentation : « À part prescrire des antalgiques voire des antibiotiques, nous sommes évidemment moins compétents que les chirurgiens-dentistes pour évaluer les urgences dentaires et orienter les patients. Pendant cette expérimentation, la contribution des chirurgiens-dentistes a rendu plus performant notre système de régulation des urgences. » Et d’ajouter : « Ce dispositif permet à la collectivité une économie financière substantielle tout en améliorant la satisfaction de tous. » Reste maintenant à mettre en œuvre la loi évoquée plus haut, qui crée un statut de chirurgien-dentiste régulateur permettant leur juste rémunération. Il serait plus que temps. Lorsque le député Olivier Véran, qui n’était pas encore ministre de la Santé, a déposé son amendement, il estimait à « une centaine d’appels le dimanche matin » dans l’Isère les demandes liées à une urgence dentaire.
=> https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000039675317&dateTexte=&categori eLien=id
http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/index.php?id=162&tx_ttnews%5Btt_news%5D=844&cHash=7b41072f3973e722df36b4966f637dca