Les deux syndicats ont annoncé coup sur coup, cette semaine, qu’ils rejoignaient le collectif « SOS retraites ». Ce collectif, constitué à l’automne 2019, comprend plusieurs syndicats de médecins, d’infirmiers, de kinés, d’avocats ou encore de pilotes de ligne. Ils estiment, malgré les négociations engagées jusqu’à aujourd’hui, qu’aucune proposition n’a été formulée pour répondre aux inquiétudes des 700 000 professionnels qu’ils représentent.
« Nous demandons le retrait pur et simple de ce projet funeste mal ficelé et nous invitons la profession dans son ensemble à rejoindre le mouvement « SOS retraites » et à s’opposer vigoureusement à cette réforme », écrit Patrick Solera, président de la FSDL, sur le site internet du syndicat.
Le Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD), quant à lui, dit rejoindre le collectif « pour défendre les intérêts des chirurgiens-dentistes qui ont subi des « carrières hachées, parce que les femmes sont majoritairement concernées, parce que certaines d’entre elles ont, en conséquence, des revenus moindres en dessous des moyennes officielles ».
C’est après que le Conseil d’Etat et la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) ont tous deux rendus des avis négatifs sur le projet de réforme que les deux syndicats ont pris leur décision. La plus haute juridiction administrative dénonce notamment l’empressement du gouvernement à vouloir faire passer un texte dont la « sécurité juridique » n’est pas garantie. Il regrette le recours aux ordonnances qui pourrait permettre d’enjamber une partie du débat parlementaire. Le Conseil d’Etat raille également l’étude d’impact accompagnant les deux textes qui ne répond pas « aux exigences générales d’objectivité et de sincérité ».
Régime universel « fourre-tout »
La CNAVPL s’est prononcée elle aussi contre le projet de loi et avec elle la Caisse de retraite des chirurgiens-dentistes (CARCDSF). Le projet de loi, qui pose le principe de la juxtaposition, sur plusieurs années, des régimes existants et du nouveau régime universel, « n’apporte pas de garantie sur les conditions d’un traitement équitable des générations concernées, tant en matière de cotisations que de prestations », estime-t-elle. Elle constate que « l’augmentation des taux de cotisations, susceptible d’être imposée à certaines professions libérales peut remettre en cause l’équilibre économique de leurs entreprises » et que « le principe d’une utilisation des réserves financières des sections professionnelles au seul bénéfice des professions qui les ont constituées n’est sont pas repris dans les projets de textes ».
« La prise en compte de la pénibilité pour le calcul de la retraite semble réservée aux seuls salariés, alors que les chefs d’entreprise libéraux subissent les mêmes contraintes dans le cadre de leur activité professionnelle », souligne encore la caisse. « Il n’y a aucune raison valable de basculer dans un régime universel « fourre-tout » où l’État décide à sa guise du montant des cotisations et des reversions chaque année dans le cadre du PLFSS, martèle Patrick Solera. Pourquoi accepter que la gestion de notre caisse soit confiée à des personnes qui ont mis la France en faillite depuis des décennies et qui vous jurent sur l’honneur que tout se passera comme convenu ? »