Les deux médicaments anti-inflammatoires les plus vendus pourraient favoriser des complications infectieuses graves, alerte l’Agence du médicament qui appelle à la « vigilance » et rappelle des conseils d’utilisation.
20 avr. 12:10 – La rédaction de LCI
L’Agence du médicament (ANSM) a appelé jeudi à la « vigilance » concernant la consommation d’ibuprofène (Nurofen, Advil, Upfen, Antarene, etc.) et de kétoprofène (Profenid, Toprec, Ketum), les deux médicaments anti-inflammatoires les plus vendus. Parfois pris sans précaution, ils pourraient favoriser des complications infectieuses graves.
Cette enquête, confiée par l’ANSM aux centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille, a retenu seulement les cas les plus graves survenus chez des enfants et des adultes (souvent jeunes) sans facteur de risque particulier, comme par exemple être immunodéprimé. Ces cas sont des infections sévères à l’origine d’hospitalisations, de séquelles et de décès.
Ces infections touchent la peau et des tissus mous comme par exemple les « fasciites nécrosantes », une infection due à un germe (essentiellement un streptocoque) surnommé bactérie « mangeuse de chair », cause d’amputations et de mort. Il peut également s’agir de septicémie (« sepsis »), de pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie, d’abcès cérébraux ou encore d’infections ORL atteignant le thorax (médiastinite).
Les complications infectieuses sont survenues alors que l’ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances : atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqûre d’insecte…), manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire…) ou ORL (difficulté à avaler, angine, otite…). Les infections, dues pour l’essentiel à des streptocoques ou des pneumocoques, ont été observées après de très courtes durée de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsqu’il était associé à une antibiothérapie.
Sur l’ensemble des cas rapportés depuis l’année 2000, 337 cas de complications infectieuses avec l’ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène ont été retenus après avoir pris en compte uniquement les cas les plus graves chez des enfants ou des adultes (souvent jeunes) sans facteur de risque ni comorbidité. Il s’agit d’infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes,…), de sepsis, d’infections pleuro-pulmonaires (pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie), d’infections neurologiques (empyèmes, abcès cérébraux,…) ou ORL compliquées (cellulites, médiastinites,…), à l’origine d’hospitalisations, de séquelles voire de décès.
Ces complications infectieuses (essentiellement à Streptocoque ou à Pneumocoque ) ont été observées après de très courtes durée de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsque la prise d’AINS était associée à une antibiothérapie. Elles sont survenues alors que l’ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances telles que des atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d’insecte,…), des manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire,…) ou ORL (dysphagie, angine, otite,…).
L’analyse de ces cas ainsi que l’analyse des données de la littérature (études expérimentales et études de pharmaco-épidémiologie), suggère que ces infections, en particulier à Streptocoque, pourraient être aggravées par la prise de ces AINS.
L’enquête met également en évidence qu’il persiste une utilisation de ces AINS en cas de varicelle. L’ANSM rappelle que les AINS sont déjà connus comme pouvant être à l’origine de complications cutanées bactériennes graves (fasciite nécrosante) lorsqu’ils sont utilisés au cours de la varicelle et doivent être évités dans ce cas.
Dans ce contexte, l’ANSM souhaite mettre en garde, dès à présent, les professionnels de santé, les patients et les parents sur ce risque de complication infectieuses graves susceptibles d’avoir des conséquences sérieuses pour la santé des patients.
L’ANSM rappelle aux patients et aux professionnels de santé
De privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, en particulier en automédication.
Les règles du bon usage des AINS en cas de douleur et/ou fièvre :
Prescrire et utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte
Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes
Eviter les AINS en cas de varicelle
Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre
Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur
Ne pas prendre deux médicaments AINS1 en même temps
« Les conclusions de cette enquête suggèrent le rôle aggravant de ces AINS en cas d’infection », en particulier de celles dues au streptocoque, note l’ANSM, qui précise que l’utilisation d’AINS persiste en cas de varicelle alors qu’ils doivent être évités au profit du paracétamol, sous peine sinon de risque des destructions bactériennes cutanées graves.
Plus généralement, poursuit l’ANSM, il faut privilégier le paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment lors d’infections courantes (angine, rhinopharyngite, otite, toux, infection pulmonaire, lésion cutanée ou varicelle…), en particulier en automédication. Ces anti-inflammatoires doivent être utilisés « à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte », c’est-à-dire « pas plus de 3 jours en cas de fièvre et de 5 jours en cas de douleur ».
« Si les symptômes s’aggravent, il faut en parler à son pharmacien et voir son médecin », conseille le Dr Vella. Autre règle, ne pas prendre en même temps deux médicaments de cette famille nombreuse des AINS (naproxène, diclofénac…), vendus sous des noms divers.