L’UNECD a présenté, lors de son congrès organisé fin octobre, les résultats de son enquête nationale sur le bien-être des étudiants en odontologie. Aperçu.
«Depuis quelque temps, nous avons décelé dans les facultés un état croissant de mal-être et une réelle demande des étudiants pour qu’on leur vienne en aide. » Ce constat a incité l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) à lancer, via la plateforme Google Form®, une enquête, basée sur des questionnaires scientifiquement validés dont le PHQ-9 (pour « Patient Health Questionnaire »), auprès des étudiants des seize UFR d’odontologie de France. Intitulée « Votre bien-être, parlons-en », elle a recueilli les réponses de 44,63 % d’entre eux (soit 3 146). Les résultats sont édifiants.
Le stress, compagnon du quotidien
Le mot qui qualifie le mieux l’état d’esprit des sondés est le stress. Un terme qui arrive en première position, plus des trois quarts d’entre eux affirmant être souvent ou très souvent stressés ou anxieux. Par ailleurs, 11,7% se disent démotivés.
Conséquence : on peut supposer, d’après les critères du DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la présence d’une dépression modérée liée aux études chez plus de 25 % des étudiants. En outre, un étudiant sur quatre a eu recours à des stupéfiants (cocaïne, cannabis, amphétamines, etc.) ou à des psychotropes (antidépresseurs, hypnotiques, anxiolytiques, etc.) pour se calmer, trouver le sommeil, aller mieux moralement ou encore, pour améliorer ses performances. Pis, 37 étudiants ayant rempli le questionnaire de l’UNECD pensent presque tous les jours « qu’il vaudrait mieux mourir ou envisager de se faire du mal d’une manière ou d’une autre ». Enfin 14,88 % des sondés reconnaissent avoir dû consulter un professionnel de la santé mentale dans le cadre de leur cursus.
Une vie sociale qui se dégrade
Le bien-être physique et mental mais également la vie sociale à l’extérieur des murs de la fac se dégradent, selon l’étude. Ainsi, plus d’un étudiant sur quatre a déjà renoncé à des soins par manque de disponibilité. En outre, 63,4 % ont été contraints d’arrêter ou de diminuer leurs activités extrascolaires (sportives, culturelles, etc.) à cause de leurs études. Aussi, lorsque les répondants évaluent leur bien-être sur une échelle de 0 (totale insatisfaction) à 10 (totale satisfaction), le score moyen de bien-être n’est que de 5,72 en faculté et de 4,97/10 en centre de soins. Les griefs anxiogènes sont connus.
En faculté, il s’agit, du plus cité au moins cité, de la possibilité du redoublement (alimentée par le stress dû à la notation des travaux pratiques, à la pression exercée sur la rapidité d’exécution des gestes, au manque d’explications et à l’absence de barème connu); du nombre d’examens en fin de semestre ; et enfin des relations enseignants- étudiants.
Quant à ce qui impacte le plus le moral des étudiants en centre de soins, il s’agit des quotas cliniques (nombre d’actes à réaliser pour valider son année), qui, selon les étudiants, ne favorisent pas l’apprentissage et génèrent le sentiment de devoir négliger la relation avec le patient. Puis apparaissent le ratio personnel enseignant/ étudiants, la disponibilité du matériel, les relations enseignants/étudiants et, enfin, la crainte du redoublement. Au final, la moitié des étudiants considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment préparés aux actes thérapeutiques et à la relation patient-praticien avant l’entrée en clinique.
Des relations compliquées avec les enseignants
Le plus surprenant est peut-être la qualité des relations avec les enseignants. Celle-ci a été évaluée en moyenne à 5,3 à la faculté, et à 5,5 en centre de soins. Des scores plutôt bas. De nombreux répondants assurent, en effet, avoir été victimes ou témoins d’actes ou de paroles déplacés d’enseignants. 843 étudiants expliquent ainsi avoir été victimes ou témoins de sexisme à la faculté tandis que 70 % des sondés certifient avoir été l’objet ou témoins de dévalorisation/d’infériorisation dans les centres de soins.