Les dernières données de l’assurance maladie montrent une baisse des soins dentaires délivrés en Europe, et notamment une diminution du recours aux soins prothétiques et implantaires.
Les chiffres 2017 du Centre national des soins à l’étranger (CNSE) indiquent que le phénomène du tourisme dentaire connaît un certain tassement. En effet, la dépense en soins dentaires effectués à l’étranger par les Français affiche une diminution significative de 18,6 % par rapport à 2016. Dans le détail, les assurés ont dépensé près de 12 millions d’euros l’an passé (contre 14,4 millions d’euros en 2016). Depuis 2015, la part des soins dentaires réalisés hors de France ne représente que 0,1 % de la prise en charge globale des soins dentaires par l’assurance maladie. On est loin de la cohorte massive et nombreuse des candidats à l’aller-retour implanto-prothétique dans les « paradis dentaires » de l’Europe qui ont pu faire illusion il y a quelques années.
La médecine bucco-dentaire est l’une des professions médicales les plus exposées au tourisme médical. Mais les tarifs très attractifs des soins prothétiques et implantaires pratiqués dans les pays de l’Est ne sont pas les seuls déterminants du choix des Français en matière de soins bucco-dentaires. Certaines contraintes constituent en effet un frein au déplacement : le voyage lui-même peut être dissuasif, de même que des actes chirurgicaux lourds réalisés en très peu de temps, des conditions d’exercice hétérogènes en termes de normes, etc. Quoi qu’il en soit, au sein de l’Union européenne, les patients sont libres de se faire soigner où ils le souhaitent et, par conséquent, les soins, y compris en matière prothétique, seront remboursés.
Que dit le CNSE sur la question ? En 2017, l’organisme a étudié 26 576 dossiers de patients (contre 28 469 en 20 16) dont les soins ont été délivrés dans l’UE, la part des actes pratiqués hors UE étant anecdotique : 1 576 dossiers (contre 1 525 en 2016). Sans surprise, la grande majorité des dépenses effectuées à l’étranger concerne des soins prothétiques (63,9 %) suivis par les soins conservateurs (20 %), contre respectivement 70,7 % et 16,6 % en 2016. Avant d’analyser les chiffres, il convient de distinguer deux catégories de soins bucco-dentaires dans l’Union : les soins implantaires, réalisés principalement en Europe de l’Est, et les soins courants, notamment conservateurs, dispensés en Espagne, au Portugal, en Italie et en Allemagne, qui concernent une population frontalière, c’est-à-dire des patients qui retournent dans leur pays d’origine à l’occasion de leurs vacances ou encore des personnes qui résident une grande partie de l’année dans l’un de ces pays.
Globalement, la dépense moyenne par dossier s’élève à environ 420 euros (contre 480 euros en 2016), et le remboursement moyen par dossier à 108 euros (contre 105 euros en 2016). Depuis cinq ans, cinq pays (Hongrie, Espagne, Portugal, Italie, Allemagne) concentrent 71,9 % des dossiers dentaires et 81,1 % des dépenses de santé des assurés. De plus, il est intéressant de relever que la part des soins prothétiques diminue en faveur de celle des soins conservateurs dans ces cinq pays.
Trois profils de coût se dégagent :
• La Hongrie (coût des soins supérieur à 1 100 euros en moyenne) ;
• L’Italie, l’Espagne et la Roumanie (entre 500 et 700 euros) ;
• Les autres pays (montant inférieur à 400 euros).
D’où viennent les Français dont les soins sont effectués à l’étranger ? À partir des données des caisses du régime général, le CNSE note que les soins dentaires concernent l’ensemble des CPAM. Mais dans le détail, 33,3 % des assurés sont affiliés aux caisses d’Île-de-France, loin devant les régions Grand-Est (13,5 %) et Auvergne–Rhône–Alpes (10,5 %). En somme, les chiffres du CNSE montrent que la médecine buccodentaire n’est pas une activité comme les autres et que le patient n’est pas un « client ». C’est la confiance des Français en une profession tout entière qui se joue en filigrane.