Un syndicat de dentistes, la CNSD, met en garde mercredi le gouvernement, qui vient d’annoncer un possible remboursement intégral d’ici 2022 des soins dentaires, sur « une approche démagogique et simpliste qui pourrait mettre en difficulté les cabinets dentaires ». Lors de son discours de politique générale mardi, le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé que « d’ici la fin du quinquennat », « tous les Français auront accès à des offres » de mutuelles « sans aucun reste à charge » pour les soins dentaires, les lunettes et les prothèses auditives.
Dans sa feuille de route, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, précise que « les professionnels de santé seront incités à modérer leurs dépassements, par le biais combiné de contrats responsables et des négociations conventionnelles ». « C’est la liberté tarifaire, aujourd’hui remise en cause et concédée par les pouvoirs publics dans les années 1980, qui a permis aux chirurgiens-dentistes de continuer à investir et préserver la qualité et la sécurité des soins », écrit la CNSD dans un communiqué. Suite à l’échec des négociations tarifaires entre les syndicats et l’Assurance maladie fin janvier, les dentistes libéraux se sont vu imposer un règlement arbitral qu’ils contestent vivement.
Il prévoit, à compter du 1er janvier, un plafonnement des tarifs des prothèses en échange de revalorisations des soins conservateurs, mais celles-ci sont jugées insuffisantes par la profession. Le syndicat rappelle mercredi que « 80% » des actes de prévention réalisés par les chirurgiens-dentistes le sont à des tarifs opposables, fixés par la Sécurité sociale, mais qu’ils ne « permettent aucunement de couvrir le coût réel de fonctionnement d’un cabinet dentaire ». Appelant à un « investissement massif » dans les nouvelles techniques, la CNSD estime que « c’est uniquement à cette condition que le périmètre d’un zéro reste à charge aura des chances d’être atteint ». Elle dénonce en outre les « incohérences tarifaires ». « En 2015, sur les 10,7 milliards d’euros de dépenses dentaires, 4 milliards ont été remboursés par les financeurs publics, 4,3 milliards par les assureurs privés et 2,4 milliards restaient à la charge des ménages, soit 22,4%. Ce pourcentage n’a pas évolué depuis des dizaines d’années et représente 40 euros par an et par Français », détaille la CNSD qui à plusieurs reprises a pointé du doigt le désengagement de la Sécu.
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