La profession conteste toujours vivement la réforme de ses tarifs. Le mouvement s’amplifie : près de 80 % des chirurgiens-dentistes costarmoricains fermeront leur cabinet du 12 au 18 juin.
À quand remonte la grogne de votre profession ?
En janvier, les négociations sur les nouveaux tarifs de soins dentaires et leur niveau de remboursement ont capoté. Faute d’accord entre les chirurgiens-dentistes et l’Assurance maladie, un arbitre que l’on estime non neutre a été désigné par cette dernière afin d’établir une nouvelle convention que l’on désapprouve.
Votre profession a déjà manifesté cet hiver. Et maintenant ?
Nous lançons une « semaine blanche » qui se traduira par la fermeture de nos cabinets dentaires, du 12 au 18 juin. Une petite permanence de soins sera maintenue en cas d’urgence. Et à ce jour, près de 80 % des dentistes libéraux costarmoricains ont indiqué rejoindre notre mouvement. Durant cette semaine, nous ferons de la prévention en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) notamment, et de nombreuses formations et tables rondes auprès de la profession, le tout à Saint-Brieuc.
Qu’est-ce qui coince à vos yeux ?
Cet arbitrage fixe un plafonnement des prothèses, dont les professionnels peuvent aujourd’hui choisir librement les tarifs, avec tact et mesure. En contrepartie, il accorde une revalorisation a minima d’une dizaine de soins sur les 500 existants. Non seulement elle est insuffisante mais, en plus, elle n’aura pas lieu. C’est de la poudre aux yeux : une clause dans la réforme imposée indique qu’aucune revalorisation n’interviendra et que les plafonds diminueront.
L’objectif fixé par Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, était pourtant de faciliter l’accès aux soins dentaires…
Les gens s’imaginent que les dentistes abusent, or les tarifs de soins sont cinq fois inférieurs en France par rapport à nos voisins européens. Pas étonnant : les tarifs de remboursement de la Sécurité sociale et des mutuelles n’ont pas évolué depuis 30 ans ! Mais cette réforme pose aussi un problème de santé publique.
Pourquoi ?
Ces cinq dernières années ont été marquées par des avancées significatives : aujourd’hui, des matériaux et des techniques innovantes nous permettent d’apprendre aux étudiants à conserver la dent sans l’endommager. Or pour préserver leurs cabinets, les jeunes praticiens seront contraints de se détourner de ces connaissances pour traiter la dent en fonction de la rentabilité de l’acte, et non pas de son état. En ne revalorisant pas à leur juste mesure ces soins dits « conservateurs », il y a le risque de voir la profession s’orienter vers des solutions plus radicales et mutilantes.
Et ça donnerait quoi, pour le patient ?
Plutôt que d’opter pour une dévitalisation de dent nécessitant du matériel et un traitement chronophage (environ 1 h 30 à 2 h), certains praticiens pourraient lui préférer une extraction (15 minutes) à laquelle s’ajoutera plus tard un implant.
Et si vous ne ralliez pas à votre cause les nouveaux députés ?
Située au coeur des élections législatives, notre action vise à les sensibiliser afin qu’ils reviennent sur les termes de cette convention qui, si rien n’est fait, entrera en vigueur en janvier prochain. Dès lors, nous nous déconventionnerons massivement. C’est-à-dire que nos tarifs ne seront plus soumis aux remboursements la Sécurité sociale.
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